C’est Un Jour pour… Découvrir le cinéma de Gus Van Sant
Après Martin Scorcese, Jacques Demy, Stanley Kubrick et bien d’autres grands cinéastes, la Cinémathèque Française rend aujourd’hui hommage, et ce jusqu’au 31 juillet, au réalisateur américain Gus Van Sant. Père du fameux Elephant, récit alambiqué et incisif d’une tuerie inspirée de Columbine, mais aussi de Paranoid Park ou Will Hunting, Gus Van Sant se révèle être bien plus qu’un simple réalisateur et nous dévoile les multiples cordes qui composent son arc.
Inspiration Polaroïd

Avant de passer derrière la caméra, c’est l’objectif de l’appareil photo, et plus précisément du Polaroïd, qui a marqué le jeune Gus, qui se met à la photographie dès ses 16 ans. La première salle de l’exposition composée de 4 murs entièrement remplis de ces petits formats, rend bien compte de cette fascination juvénile pour l’image. Gus Van Sant semble se passionner pour la capture des instants et des rencontres, mais aussi pour l’immortalisation de ses sources d’inspiration.
Il utilise ainsi le format Polaroïd avec une certaine frénésie, capturant des centaines d’artistes et de personnalités, mais aussi des anonymes, qui furent tous à leur manière les muses de l’artiste.

Gus fait son cinéma
Étonnement, l’exposition ne se focalise pas spécialement sur le cinéma de GVS, mais bien sur son rapport à l’art et à l’image en général. Ainsi, le parti-pris de Matthieu Orléan, commissaire de l’exposition est bien de proposer une déambulation dans l’univers de l’artiste, sans faire le choix classique d’une salle dédiée par film ou un parcours strictement chronologique. Ainsi, l’espace consacré aux 16 films du réalisateur intitulé « Cinepark » n’est autre qu’une salle où se mêlent les différentes inspirations cinématographiques du réalisateur, ses supports de travail, les photographies des tournages, etc. Tous ces éléments rendent compte de l’univers hétéroclite de GVS, ayant produit des films toujours très différents : de Psycho, reprise plan par plan du chef d’oeuvre d’Hitchcock, à Gerry, en passant par Elephant ou Harvey Milk. Tous ses films ont pour point commun la construction extrêmement travaillée et quasi millimétrée des intrigues (Elephant en est l’exemple le plus parlant) et un environnement relativement masculin, avec des acteurs récurrents tels quel Matt Damon, James Franco ou Ben Affleck.

Entre musique et peinture, son cœur balance
L’exposition est de manière générale une succession de petites découvertes. Après la photo et le cinéma, c’est la peinture et le dessin qui passionnent également GVS. Une salle entière consacrée à son oeuvre picturale nous ouvre les portes d’un univers coloré et fantasque. On croit y reconnaître des silhouettes et visages aperçus dans ses films. Ses aquarelles sont touchantes et expressives, à mi-chemin entre le surréalisme et le pop art. Elles sont actuellement exposées à la Galerie Gagosian de Los Angeles. Une belle découverte.

Enfin, l’exposition se clôture en musique avec une ultime salle consacrée au dernier visage de GVS, celui d’un mélomane fondamentalement passionné. Sur grand écran et sièges cosy, on peut apprécier le GVS réalisateur de clips musicaux de Bowie ou des Red Hot Chili Peppers (non, plus rien ne nous étonne avec Gus) , compositeur de musique (Mala Noche ou Restless), ou de films musicaux comme Last Days où il narre les derniers jours de Kurt Cubain sans utiliser une seule chanson du groupe mythique Nirvana, mais plutôt en demandant à l’acteur principale de composer.
En définitive, cette exposition nous révèle un GVS aux multiples visages, personnage que je ne savais pas si complexe. Comme d’habitude, cette exposition mérite d’être complétée par une rétrospective de la Cinémathèque avec tous les films du réalisateur – pour ceux que vous avez manqué!
Petit bémol : la brièveté de l’exposition étant donné le prix d’entrée. On reste un peu sur sa fin au sortir de la dernière salle d’exposition.
Marie Nonell
Exposition Gus Van Sant
Du 13 avril au 31 juillet
Cinémathèque Française
51 rue de Bercy 12ème
11€ plein Tarif
8,5€ Tarif Réduit